Category: Livres,Romans et littérature,Livres de référence
Rimbaud le fils Details
Pierre Michon n'est pas le biographe de Rimbaud. Il ne cherche à ajouter aucun chapitre, aucune ligne aux hagiographies et études existantes. Simplement, il enfile la personnalité du poète, se glisse dans l'intime de son écriture, tâchant de rejoindre, en définitive, la sienne. ? coups de "on dit que" ou "on ne sait si", il parcourt, commente, hésite, rêve, abandonne, reprend l'aventure d'Arthur Rimbaud. Il ne donne aucune réponse, ne résout rien, mais s'interroge (en même temps qu'il interroge le jeune poète) : qu'est-ce qui pousse un homme à écrire ? ? rechercher l'excellence ? Qu'est-ce qui fait soudain mûrir ses vers, "autant que s'il avait écrit d'un seul trait de plume La Légende des siècles, Les Fleurs du mal et La Divine Comédie" ? Le regard de Pierre Michon sur le "jeune versificateur bien doué, roué et hugolâtre" est délectable. Car il vibre de son désir de dire la genèse de sa propre écriture et, partant, de toute création. Pierre Michon est l'auteur de Vies minuscules (prix France Culture 1984) et Maîtres et serviteurs. --Laure Anciel
Reviews
Pour Pierre Michon, l'écriture est toujours une façon de rechercher le père et la mère absents, de les retrouver, de les enfanter comme ils ont enfanté l'écrivain. Il dit volontiers que derrière "Vies Minuscules" il cherche des retrouvailles avec son propre père. Il dit aussi que ce sont les parents que François-Elie Corentin veut trouver derrière la peinture (dans "Les Onze"). De la même façon, son Rimbaud est habité par le père absent et par la mère odieuse.Son Rimbaud est aussi en prise avec le Verbe universel, dans une vision quelque peu mystique (là encore très michonienne) dans quoi on ne le suivra pas nécessairement. Il ne faudrait pas que l'auteur oublie la jeunesse de Rimbe, ses ambitions, ses tricheries, ses zutismes ou ses jeux de mots érotiques. D'ailleurs, Michon interprète la rupture brutale et définitive d'avec la poésie comme la preuve d'une sorte de culte du Verbe en dehors duquel l'existence se referme ; alors qu'on peut la lire au contraire comme une mise à distance des "enfantillages" (c'est ce qu'en dit Rimbaud lui-même dans sa correspondance...).Le Rimbaud qui nous est présenté est donc une sorte de Jésus dont le destin, tombé d'on ne sait où, est d'écrire les évangiles des temps modernes. Vision curieuse, un peu romantique, nourrie de cette transcendance dont l'auteur peine à se départir. Notons d'ailleurs que Paul Verlaine se voit très injustement renvoyé dans ses pénates, taxé d'être un des poussiéreux seconds couteaux qui entouraient et précédaient Rimbe.Au-delà de cette vision à laquelle je n'adhère pas, le texte vaut d'abord et avant tout pour sa beauté, sa maîtrise, son foisonnement poétique, peut-être moins grandiloquent que les "Vies minuscules" et heureusement loin des écueils des "Onze".
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